Aujourd'hui le Jazz |
La
visite de "Dizzy" Gillespie à La Havane
en 1977 représente pour le Jazz à Cuba le moment symbolique marquant la
ré-appropriation d'une partie de son histoire, celle qui, entre 1940 et
cette date, c'est déroulée à New York.
|
Cette
même année sous l'impulsion du chanteur et showman Bobby CARCASSÉS se déroule dans le quartier Plaza de La Havane et autour de sa maison de
la Culture les premiers concerts qui donneront naissance au plus grand festival
de jazz de l'île, le Festival Jazz Plaza. Sur d'autres plans la situation est préoccupante. Les grands cabarets n'ont pas réouvert leurs portes aux formations de jazz. Et les petits clubs ne font pas mieux. Dans la capitale seul le Río Club est un club de jazz. La quasi totalité des jazzmen cubains y dirige ses pas. Plusieurs formations jouent dans les provinces. |
Au
début des années quatre-vingt Paquito d'RIVERA quitte
"IRAKERE" et Cuba, imité par Arturo SANDOVAL
qui dix ans plus tard abandonne l'île après y avoir animé
son propre groupe. d'RIVERA et SANDOVAL, tout en profitant de la
proximité des meilleurs jazzmen américains et latinos, vont
continuer de diffuser la musique et le Jazz cubains, à travers des tournées
sur tous les continents, contribuant malgré et à travers leur exil
au succès international des musiques cubaines. |
|
Durant cette même année 1977 au cours de laquelle "Dizzy" rend visite aux Cubains naît un groupe qui comme "IRAKERE" a travaillé à partir des musiques rituelles et du Jazz. "AFROCUBA" construit sa propre vision d'un Jazz Afro-cubain autour des idées du saxophoniste Nicolás REINOSO, l'un des piliers du Río Club. Irakere :Paquito d'Rivera et Enrique Plá.
Le
monde du piano, peut-être sous l'influence de "Chucho",
se montre particulièrement riche et développe une originalité,
une ligne cubaine que l'on peut qualifier de percussive. Gonzalo RUBALCABA est le chef de file de cette nouvelle tendance. Percussionniste de formation et
pianiste exceptionnel, il organise son propre groupe "PROYECTO"
qu'il promène dans des tournées internationales qui lui permettent
de côtoyer et de travailler avec Gillespie et de nombreux jazzmen..
Bien qu'installé en République Dominicaine puis aux Etats-Unis, Gonzalo n'est pas à proprement parlé un exilé. Il
joue et enregistre fréquemment à La Havane durant les années
quatre-vingt dix. Son Jazz comme le montrent certaines pièces enregistrées
en 1997 sous le titre "Antigua" est un Jazz Afro-cubain que son
style au piano sert admirablement bien. |
Le pianiste Emiliano SALVADOR, est au début des années quatre-vingt, une autre des grandes promesses du Jazz cubain. Ses travaux au sein du "GRUPO de EXPERIMENTACIÓN SONORA" de l'I.C.A.I.C. débouchent sur une vision personnelle de la musique cubaine et du Jazz que sa disparition ne permet pas d'appréhender pleinement mais que plusieurs jeunes jazzmen cubains poursuivent.
C'est le cas du flûtiste Orlando "Maraca" VALLE, qui après avoir fait les beaux jours de "IRAKERE" organise sa propre formation , "OTRA VISIÓN" en 1996. avec laquelle il contribue à l'irrésistible ascension du Jazz cubain dans la seconde partie des années quatre-vingt dix et à celle de la musique cubaine en général. |
Ernán
LÓPEZ NUSSA, pianiste du groupe "AFRO CUBA" organise son cuarteto "CUARTO ESPACIO" en 1987. Ernán poursuit une ligne contemporaine où les réminiscences
de sa formation classique, le Jazz et les racines cubaines, se fondent dans une
musique au style personnel qui en fait rapidement un des musiciens de premier
plan pour le Jazz à Cuba. Sa trajectoire se poursuit au détour du siècle avec ses nouveaux groupes dont "HAVANA REPORT". |
Lorsque Arturo SANDOVAL quitte "IRAKERE" en 1980, il s'associe au pianiste Hilario DURÁN pour former son groupe qui effectue des tournées internationales permettant à ses musiciens de se frotter aux meilleurs jazzmen de la planète et d'y trouver matière à progresser. Ceci permet à DURÁN de prendre la succession de SANDOVAL, lorsque celui-ci s'expatrie en 1990, et de diriger le groupe devenu "GRUPO PERSPECTIVE". "OPUS 13", "FANTÁSTICO SON" représentent également de nouvelles initiatives dans le domaine du Jazz lorsque ces groupes se forment entre 1980 et 1985. "AFROJAZZ" de Bobby CARCASSÉS également. |
Membre
du groupe "IRAKERE", Miguel "Angá"
DÍAZ se révèle
être le grand percussionniste de sa génération. Il accompagne Orlando VALLE et Jesús ALEMANY au milieu des années
quatre-vingt dix puis le trompettiste Roy Hargrove pour le projet "Crisol".
Attiré par les derniers courants du Jazz il se joint au saxophoniste américain Steve Coleman pour les expérimentations les plus audacieuses de
celui-ci à la fin de la décennie. |
Talonnant "Anga", le percussionniste Roberto VIZCAINO est
recherché lui aussi par les formations de Jazz et se montre à son
avantage dans plusieurs groupes "PROYECTO", "IRAKERE", "MARACA Y OTRA VISIÓN", ainsi que dans le cuarteto de "Chucho" VALDÉS.
José Miguel CREGO "El Greco" et José Luis CORTÉS, parallèlement à la fondation de leur groupe salsero "N.G. La BANDA" en 1988 forment à l'intérieur du groupe un quartet ou quintet de Jazz, "TOP SECRET" que "Greco" développe à partir de 1997. Cherchant à renouer avec les premières recherches de "IRAKERE", Oscar VALDÉS organise avec ses fils d'abord puis avec d'autres jeunes musiciens le groupe "DIÁKARA". Oscar Valdés et Diákara. En 1997, de jeunes musiciens sortent de "IRAKERE" pour constituer le "HAVANA ENSEMBLE" qui se démarque de la ligne du groupe de "Chucho" tout en conservant ce souci de travailler aux racines du Jazz et de la musique populaire cubaine. Parmi ces musiciens figurent le saxophoniste César LÓPEZ. Le pianiste Alexis BOSCH rejoint cette formation tout en constituant quelques années plus tard son propre groupe "PASAJE ABIERTO" auquel collabore systématiquement le saxophoniste Orlando SÁNCHEZ . |
En province la situation du jazz est beaucoup moins florissante. Au cours des années quatre-vingt à Santa Clara la "ORQUESTA de MÚSICA MODERNA" toujours dirigée par Armando ROMEU maintient ses activités et constitue une pépinière de musiciens qui très vite partent s'épanouir à La Havane. A Santiago de Cuba la situation est des plus difficiles pour le Jazz. L'ouverture du Club 300, l'apparition d'un Festival.... n'ont pas réellement entraîné l'Oriente vers ce genre musical que le groupe "FUSIÓN" de Armando MARTÍNEZ tente sans beaucoup de succès de diffuser.
|
La
fin du siècle et le début du suivant voient éclore un très
grand nombre de jeunes qui, tout en jouant dans d'autres formations, organisent
leurs propres groupes de jazz. Nombre d'entre eux utilisent le Concours JoJazz
comme tremplin pour se faire remarquer tant sur le plan national qu'international
comme les trompettistes Yasek MANZANO, Carlos SARDUY, le saxophoniste Roberto MARTÍNEZ, les pianistes Harold LÓPEZ NUSSA vainqueur du grand prix de Montreux et le très jeune David VIRELLES, animateur
du trio santiaguero "TISANA JAZZ", qui s'affirment comme les révélations
du début de siècle. Lauréat du concours Jo Jazz , VIRELLES rejoint la formation de la flûtiste candienne Jane Bunett. |
© Patrick Dalmace
<<<< |
Cuba et le Jazz. |
<<<< | Cuba et le Jazz.Le Jazz dans l'île. |